QUIBÉRON (1)

Cette paroisse couvrait, sur une longueur de 10 kilomètres environ et une largeur moyenne de deux, la presqu'île dont elle porte le nom et qui autrefois était une des cinq subdivisions principales composant le pagus Belz. Pendant plusieurs siècles, elle forma un fief ducal et distinct, jusqu'à ce qu'il eut été, à une date inconnue, mais probablement antérieure à 1200, annexé à celui d'Auray qui, au XVIIIe siècle encore, porte le titre de Cour d'Auray et de Quibéron.

Plus étendue alors que de nos jours, sans cesse minée et rongée par les flots de l'Océan qui, d'après quelques auteurs, en ont même dû détacher Houat, Hœdic et peut-être Belle-Ile, cette presqu'île était, au XIe siècle, recouverte d'une forêt, très fréquemment visitée par le duc Alain V, son propriétaire et amateur des distractions de la chasse. Ces derniers renseignements nous sont fournis par une pièce du Cartulaire de Redon, publiée, en partie et avec un titre absolument faux, par Dom Morice, parmi ses preuves de l'Histoire de Bretagne, I, col. 363. Donnée en entier par Mr Aurélien de Courson (2), et ne portant pas du tout fondation du prieuré de Quibéron, comme le dit le savant Bénédictin, mais bien celle du prieuré de Locoal (3), cette charte nous représente, en effet, l'abbé de Saint-Sauveur de Redon et quelques-uns de ses moines accompagnés du normand Gurki, propriétaire de l'île de Locoal, dans la rivière d'Étel, se transportant ensemble, un jour de dimanche, en l'année 1037, à la cour et auprès du duc, qui se trouvait alors à Quibéron, où il se rendait très souvent pour se livrer au plaisir de la chasse : Unanimes ad curiam comitis supradicti perrexerunt, in illis namque diebus erat venerabilis comes in insula que vocatur Keberoen, ubi sepissime veniebat et frequentissime venationes exercebat. Puisqu'il y tenait parfois sa cour plénière et qu'il s'y trouvait entouré de ses barons, ainsi que nous le dit ce document, le duc y avait donc une résidence, un manoir. C'est bien effectivement la tradition locale qui, en outre, place ce château à l'entrée de la presqu'île et auprès de la chapelle de Lotivy. D'autre part, nous avons, dans le fait suivant, une nouvelle preuve de l'existence d'une forêt à Quibéron. Devenu à son tour duc de Bretagne, Hoël V, beau-fils d'Alain V et précédemment comte de Cornouaille, en traversant, un jour, la cathédrale de Saint-Corentin, à Quimper, y remarqua avec déplaisir un livre dont les feuillets se dispersaient faute de couverture, et il accorda à cette église le droit de prendre à perpétuité autant de peaux de cerfs tués dans son fief de Quibéron, qu'il serait nécessaire pour couvrir ou relier tous ses livres de chants (4). Enfin, en 1208, il y eut, entre l'abbaye de Quimperlé et les forestiers de Quibéron, un long procès qui se termina au profit de Sainte-Croix devant la cour ducale d'Auray, ce qui démontre tout à la fois l'existence de la forêt et l'annexion déjà opérée de la juridiction de Quibéron à celle d'Auray. Il ne faut rien moins que toutes ces preuves, pour faire admettre aujourd'hui que, dans les siècles passés, cette presqu'île s'est trouvée couverte de bois; car, on serait bien loin de le supposer,en parcourant ce pays si dénudé et sur lequel il ne reste plus trace de ses arbres séculaires. Sans pourvoir préciser l'époque de ce déboisement, il est pourtant permis d'indiquer qu'il devait être, sinon complet, du moins fort avancé, au commencement deu XVe siècle; puisque, en 1438, il n'est fait aucune mention ni du gros gibier ni de la forêt, lorsque le duc Jean V, dit le Sage, donne en partage au prince Pierre de Bretagne, son fils puîné, « la chastelenie de Queberoen, sans y comprendre les bleds et la garane dudit lieu, lesquels mondit Seigneur le Duc a réservé et retenu à soy et à sondit fils aisné et à leurs autres héritiers et successeurs Ducs de Bretagne pour quatre-vingt livres de rente (5). » De son côté, cette réserve de blé, dont la quantité devait être assez considérable pour justifier cette clause, montre suffisamment une étendue notable de terre défrichée et, par suite, gagnée sur la forêt.

Après ces considérations générales, j'aborde le côté religieux, et disant que la presqu'île de Quibéron dut être évangélisée, comme les bords du Blavet et une partie des rivages de l'Océan, par saint Gildas qui parsema cette région de petits monastères devenus ensuite des prieurés. Bien que l'histoire ne le dise pas, il est très vraisemblable que c'est à lui que se doit la fondation du premier établissement religieux de la presqu'île, ou du prieuré de Saint-Clément qui, placé à la pointe sud-est, dépendit toujours, malgré les assertions contraires, de sa grande abbaye de Rhuys. Ruiné aussi par les invasions normandes, ce couvent fut relevé, au commencement du XIe siècle, et reçut une chapelle construite sur le modèle de celle qui s'édifia alors dans ladite abbaye, ainsi que l'ont montré ses fondations naguère mises à découvert. Pendant plusieurs siècles, ce prieuré fut le siège de la paroisse qui s'était établie, à une date inconnue, dans cette presqu'île couverte de bois et dont les rivages seuls devaient être peuplés. Dans une enquête qui se fit, en 1744, au sujet d'un procès entre les moines de Saint-Gildas et le clergé de Quibéron, des vieillards plus qu'octogénaires déposèrent avoir recueilli de la bouche de leurs ancêtres : que la chapelle de Saint-Clément, alors en ruine et en partie perdue dans le sable, avait été autrefois église paroissiale de ce pays et qu'elle était cernée de son cimetière dont on voyait encore des pans de murs. Au milieu du pavé de la nef, qui avait eu jadis quarante-deux pieds de longueur, on montrait aussi un piédestal en pierre, avec moulures, sur lequel avaient dû reposer les fonts baptismaux. On ajoutait que, dans ce quartier, les envahissements de la mer avaient ruiné des villages populeux et que le sable en avait enfoui d'autres. Comme on le voit, les données étaient nombreuses et précises; mais leur principale base se trouvait dans la tradition qu'il pouvait être permis de suspecter. Tout récemment, cette question, et cela d'une façon bien inattendue, s'est parfaitement élucidée. Vers 1871, entraîné par ses goûts archéologiques et son zèle, M. l'abbé Lavenot, alors vicaire de la paroisse qui renferme cette chapelle, voulut, guidé par ces renseignements, explorer les ruines de cet ancien édifice, dont quelques rares pierres émergeaient à la surface du sable. Les succès de son entreprise ont singulièrement dépassé ses prévisions. Avec de la perséverance et l'aide des paroissiens de bonne volonté et d'autant mieux disposés à prêter leur concours que la dévotion à saint Clément et à sa chapelle demeurait toujours vivace parmi eux, il est parvenu, après avoir fait enlever une énorme quantité de sable, à découvrir, non pas seulement des ruines entassées, comme il s'y attendait, mais des murs encore debout et ayant plusieurs mètres de hauteur, les longères et les pignons, et, au-dessous de ces murs, dans la partie du chœur, les restes de la construction du XIe siècle. Ainsi que l'indiquait un procès-verbal, dressé en 1744, l'édifice se composait de deux parties : l'ancienne nef abandonnée, avant cette date, non comme la part du feu, mais du sable; et le chœur, qui avait servi de chapelle, grâce à un mur en forme de pignon établi entre lui et la nef.

Exhumer ainsi du sable un édifice auquel il ne manquait guère que sa charpente et sa couverture, ce fut assurément une fort agréable surprise, qui se trouva cependant bientôt surpassée encore par celle qui attendait les ouvriers, en dehors et autour des murs. En déblayant l'extérieur, ils rencontrèrent, en effet, dans l'épaisse couche de sable qui recouvrait le terrain indiqué pour l'ancien cimetière, jusqu'à trois et quatre séries de sépultures superposées, et, au milieu de tout cela, des cercueils en pierre et des modes de sépulture fort anciens. Les squelettes et les ossements étaient si nombreux et en si grande quantité, qu'il fallait bien voir là un cimetière qui, pendant plusieurs générations, avait servi, non seulement à un établissement monastique comme le prieuré de Saint-Clément, mais à une population entière. On ne devait point s'arrêter en si bonne voie. Aussi ne parut-il pas suffisant à ces explorateurs d'avoir arraché à ce lieu son intéressant secret : ils voulurent restaurer la chapelle dans laquelle avaient prié leurs ancêtres, et, couronnés de succès, leurs sacrifices leur permettent de montrer maintenant, avec une légitime satisfaction, un bel édifice qui s'est élevé sur les anciens murs exhumés du sable.

A quelle époque, désertant l'église de Saint-Clément, restée chapelle prieurale, le siège de la paroisse s'est-il transféré au village de Locmaria, un peu plus central et surtout plus éloigné des rivages et des envahissements de la mer ? C'est probablement ce que nous ne saurons jamais. Mais nous apprenons, des anciens registres paroissiaux dont la collection ne remonte malheureusement qu'à 1678, qu'il ne se faisait plus, à cette date, aucune inhumation à Saint-Clément.

La nouvelle église paroissiale fut placée sous le vocable de Notre-Dame, qui donna son nom au bourg et se fêtait sous le titre de l'Assomption. Déjà ancienne et devenue insuffisante, elle se trouvait, lors de la visite épiscopale du 13 septembre 1652, en si mauvais état, que Mgr Charles de Rosmadec ordonna, ce jour, aux paroissiens, sous peine de la voir interdite, de la réparer, de l'élargir et de murer son cimetière, dans le délai de six mois. Cette rigueur indique assez combien les besoins étaient pressants. Rien n'y fut cependant fait, et, à une seconde visite, le 26 mai suivant, le même prélat dut réitérer ses ordres et fixa le terme de la Toussaint pour dernier délai. Parce que les autels se trouvaient exposés aux injures du temps et que le vent éteignait les cierges, il prescrivit de faire, en attendant, les offices dans la chapelle de Saint-Julien. Les paroissiens se décidèrent enfin à abattre la nef pour la rebâtir et à réparer les chapelles; mais l'opposition du général et du clergé vint encore arrêter les travaux, et, malgré le procès engagé devant la cour d'Auray, par une troisième ordonnance du 15 avril 1654, l'évêque prescrivit de nouveau la continuation et l'achèvement de cette reconstruction partielle. Les chapelles de l'ancien édifice conservées étaient celles du Rosaire et de Saint-Sébastien.

Outre cette chapelle de Saint-Julien, située au village du même nom, la paroisse renfermait celles de Saint-Pierre et de Notre-Dame de Lotivy.

La première, au village qui a également pris son nom, est devenue paroissiale, en vertu de l'ordonnance épiscopale du 6 octobre 1843, qui a érigé là une nouvelle paroisse. Il paraît que les frairiens de Saint-Pierre avaient parfois manifesté la prétention que leur quartier formait une trève, puisque, en leur permettant, le 13 octobre 1768, de placer, dans la chapelle de Lotivy, un tabernacle pour y conserver des Hosties ou la réserve eucharistique, l'évêque eut bien soin de leur déclarer que c'était à une double condition : 1° qu'ils y entretiendraient une lampe allumée nuit et jour, et 2° qu'ils n'en feraient point un argument en faveur de la qualité de trève au profit de Saint-Pierre.

Quant à la chapelle de Notre-Dame de Lotivy (6), à l'entrée de la presqu'île et non loin du fort Penthièvre, elle appartenait à un prieuré de ce nom, membre de l'abbaye bénédictine de Sainte-Croix de Quimperlé. On a prétendu, et non sans vraisemblance, qu'elle fut, à l'origine, la chapelle domestique du manoir ducal qui existait en ce lieu. Le fait est qu'elle fut donnée, en 1069, avec tout ce qui dépendait de ce même lieu,à la susdite abbaye par le duc de Bretagne Hoël V et la duchesse Havoise son épouse (7). Après avoir, pendant plusieurs siècles, conservé ce prieuré en règle, Sainte-Croix le vit, par la négligence de ses abbés, tomber en commende, sur la fin du XVIe siècle et le perdit entièrement au XVIIe. Les Seigneurs de Cardelan avaient même fini par s'en arroger le droit de présentation, dont ils ont joui jusqu'à l'époque de la Révolution. Tombée en ruines depuis longtemps, la chapelle a dû, au commencement de notre siècle, sa réédification au zèle d'un prêtre originaire de Quibéron, de Mr l'abbé Le Toullec, qui a publié, en 1845, à Vannes, une petite brochure sous ce titre : Notre-Dame de Lotivy, ou Notice sur la chapelle de ce nom, et dans laquelle les erreurs historiques ne manquent pas.

La paroisse de Quibéron était un vicariat perpétuel ayant le prieur de Saint-Clément pour recteur primitif et l'abbé de Saint-Gildas de Rhuys pour présentateur. En vertu de son titre, le prieur jouissait du droit de chanter, à l'église paroissiale, la grand'messe aux quatre principales fêtes de l'année, c'est-à-dire à Pâques, à la Pentecôte, à la Toussaint et à Noël, en y ajoutant le 15 août, fête patronale; il pouvait même, en dehors du clergé paroissial, déléguer qui bon lui semblait pour célébrer à sa place.

Quant aux revenus du bénéfice, à ceux qu'on appelait gros fruits, ils appartenaient à ce prieur comme gros décimateur. Sur toutes les anciennes terres de la presqu'île, à l'exception de 16 à 20 journaux réservés au prieur de Lotivy, il percevait la dîme à la 12e gerbe. Simple portionnaire, pendant plusieurs siècles, le vicaire perpétuel recevait de lui, chaque année, la somme de 200 livres en deux termes, à Saint-Jean et à Noël. Tel était encore l'état des choses au milieu du XVIIe siècle; mais il dut se modifier bientôt au profit de ce vicaire auquel, pour lui tenir lieu de portion congrue, le prieur abandonna les novales perçues à la même quotité et qui devinrent de plus en plus considérables, à mesure que les terrains de l'ancienne forêt se mirent à se défricher sur une grande échelle. Cette position devint même tellement satisfaisante que ce vicaire s'en contenta, loin de songer à l'échanger, lors des édits royaux du siècle dernier, contre la pension annuelle de 500 livres pour laquelle il aurait eu droit d'opter. Dans l'établissement d'une communauté de prêtres ici et dont l'existence nous est connue à partir de 1656, il est facile de voir, d'ailleurs, une preuve des conditions assez avantageuses faites au titulaire de la paroisse. On n'en saurait dire autant des fidèles, des cultivateurs surtout; parce que, après le prieur et le vicaire perpétuel qui prenaient la 12e gerbe, chacun sur son terrain, l'engagiste du domaine royal se présentait, à son tour, et levait la tierce partout, ainsi que nous l'apprend l'abbé Cillart qui ne pouvait ignorer l'usage de son temps. A cette époque ils devaient être cependant assez malheureux déjà; car les anglais venaient, en 1746, de débarquer sur la presqu'île au nombre de 6,000 hommes, d'y séjourner une huitaine de jours, d'incendier onze villages, de couler plusieurs navires, de piller toute la paroisse, sans épargner l'église ni les chapelles, d'infliger, en un mot, à cette population, des pertes qui dépassaient 30,000 livres. A peine avaient-ils trouvé le temps et les moyens de réparer tous ces dégâts, que des malheurs plus grands encore vinrent fondre sur eux, tout à la fin du siècle dernier, lorsque en 1795, la presqu'île fut le théâtre de l'épouvantable défaite des émigrés débarqués là par l'escadre anglaise; mais ce n'est point ici le lieu de raconter ce triste événement; qu'il me suffise de l'avoir indiqué.

L'année suivante, à la date du 13 août, les immeubles, qui avaient appartenu à la fabrique de l'église et venaient d'être mis à disposition de la nation, furent vendus au prix de 5,050 francs. Ils consistaient en deux prés contenant ensemble 96 cordes et attachés au presbytère, plus trente-deux parcelles de terre, en labeur, prés et pâtures, dépendant de la fabrique et d'une contenance totale de 10 journaux et trente-six cordes, et enfin en deux autres prés et pâtures de 93 cordes formant la dotation de la chapellenie de Saint-Pierre, c'est-à-dire, sans doute, appartenant à la chapelle de Saint-Pierre, car il ne se fonda jamais là, à notre connaissance du moins, aucun bénéfice secondaire de ce nom.

Quant au presbytère lui-même, il ne fut point aliéné; mais, pendant la tourmente, il reçut de singulières destinations. Outre qu'il servit tout à la fois de prison et de tribunal pour un grand nombre d'émigrés qui y furent condamnés à mort, il logea presque continuellement des troupes, comme nous l'apprend une lettre adressée par la municipalité de Quibéron,le 13 juillet 1798, au receveur des domaines nationaux à Auray. Il résulte même de cette pièce que le rez-de-chaussée de la maison presbytérale était alors affecté au corps-de-garde et à la salle de discipline, que l'étage au-dessus était occupé par le bureau de l'administration municipale qui y tenait ses séances, que les écuries et autres édifices de la cour avaient eu à subir de grands dégâts de la part des troupes, et enfin qu'on allait mettre en adjudication la ferme du jardin.

Comme bénéfices secondaires, nous n'avons rencontré, sur cette paroisse, que les deux prieurés bénédictins de Saint-Clément et de Notre-Dame de Lotivy, dont, par une erreur inexplicable, on a voulu, pour l'un comme pour l'autre, trouver la fondation dans la Charte de 1037, publiée par Dom Morice avec titre faux. Ogée, Cayot-Délandre et, à leur suite, plusieurs autres, ont bien parlé aussi d'un établissement de Templiers, devenu plus tard possession des chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem; mais il y a encore ici une nouvelle erreur, résultat d'une nouvelle confusion. Et, en effet, si, comme on le dit, les Templiers avaient eu un établissement dans cette presqu'île, sans aller jusqu'à leur faire concéder par un de nos ducs la presqu'île entière, ils y auraient eu, comme successeurs, lors de la suppression de leur Ordre, au commencement du XIVe siècle, ou les Hospitaliers ou l'évêque de Vannes, ainsi que nous l'avons vu déjà pour un certain nombre de cas. Or, c'est un fait certain, ni les chevaliers de Malte, ni les évêques de Vannes n'ont jamais rien possédé dans cette presqu'île. Du reste, il est facile de voir, dans Cayot-Délandre, que cette erreur provient de la confusion entre les moines rouges ou prétendus Templiers et les religieux du prieuré de Saint-Clément. Au sujet de ce dernier couvent, Ogée est tombé dans une autre inexactitude, pour ne pas dire davantage, en affirmant que, détruit par les Normands, il fut rétabli, en 1037, par le duc Alain III, qui le donna à l'abbaye de Redon, d'où il serait ensuite passé à celle de Saint-Gildas de Rhuys. Il ajoute même que, placé alors à la tête de ce petit monastère, un prieur normand dut être rappelé à Redon, parce que sa nationalité épouvantait encore le peuple. Or, il est patent que toute cette histoire se rapporte à la charte de 1037, souvent citée et par laquelle le duc Alain V donna l'ancien couvent de Locoal à l'abbaye de Saint-Sauveur, et que le Normand en question n'est autre que le féroce Gurki, le vir ferus, genere normannus, ainsi qu'il se trouve désigné dans cette charte même.

J'ajouterai, en terminant, que Quibéron conserve encore le rang de chef-lieu de canton auquel fut élevé son bourg, en 1790, et que, pendant la Révolution, le seul immeuble de la presquîle, aliéné comme provenant de l'ancien domaine royal, ne fut autre que la petite île de Theviec, contenant 2 journaux de terre environ et rapportant un revenu annuel de 3 francs, ce qui ne l'empêcha point de se vendre, le 6 juin 1798, au prix fabuleux de 5,000 francs, en papier ! Qu'était donc devenu l'antique domaine ducal ?

(1) Formes anciennes : Keberoen insula, 1037 (cart. de Redon, p. 327). - Keperoen, XIe s. (abb. de Sainte-Croix de Quimperlé). - Kiberon, XVIIe siècle (Ibid.)

(2) Cartulaire de l'abbaye de Redon en Bretagne, imprimerie impériale, 1863, p. 326.

(3) Voir, plus haut, la notice sur la paroisse de Locoal, où ce document est parfaitement appliqué à la fondation du prieuré de Locoal.

(4) « Dum quadam die consul Hoellus per S. Chorentini ecclesiam transitum faceret, videns in publico quemdam librum compaginibus solutum ex indigentia coopertorii, S. Chorentino in perpetuum dedit et concessit ut omnes S. Chorentini libri cervinis coriis de fisco suo qui est Kemberoen sufficienter induantur. » (Dom Morice, P. I. col. 378).

(5) Dom Morice, P. II. col. 1320.

(6) Formes anciennes de ce nom : Locdeugui XIe siècle. (Abbaye de Sainte-Croix de Quimperlé). - Lodevy (Histoire de la même abbaye, par D. Placide Le Duc).

(7) Dom Lobineau, P. col. 120. En donnant à la duchesse Havoise, fondatrice, le nom de Hadeuguis et à ce lieu celui de Loc-deugui, cette charte ne fournit-elle pas une étymologie ?

Suit une liste des vicaires perpétuels de la paroisse, de 1478 à 1792.

 

Chom e hremb. Né déhemb ket mui.
 
 
 
 

Les paroisses du doyenné de Pont-Belz
par l'abbé Luco

Belz
Brec'h (PDF)
Carnac
Crac'h (PDF)
Erdeven
Kervignac (PDF)
Locmariaquer (PDF)
Locoal (PDF)
Mendon et le Pou-Belz
Merlevenez (PDF)
Nostang (PDF)
Plœmel
Plouharnel
Plouhinec (PDF)
Quiberon
Riantec (PDF)
St Gildas d'Auray
St Gilles Hennebont (PDF)

 

Les paroisses vannetaises

Histoire du personnel ecclésiastique du diocèse de Vannes et de ses paroisses, publiée par l'abbé Luco, dans le Bulletin de la Société polymathique du Morbihan, de 1874 à 1883.

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