ERDEVEN

Du doyenné de Pont-Belz, cette paroisse fut annexée au chapitre dans le courant du XIII^e siècle et sa présentation attachée à un canonicat en particulier. Plus tard et en vertu d'une transaction, les vicaires perpétuels d'erdeven perçurent la totalité des revenus et fournirent au chapitre une pension annuelle de 18 livres monnaie. Mais, au XVI^e siècle déjà, les chanoines avaient perdu leur droit de patronage, et les recteurs, devenus seuls gros décimateurs à la 33^e gerbe, ne payaient plus la pension précitée. Ainsi rentrée dans le droit commun, cette paroisse resta soumise à l'alternative jusqu'au moment de la Révolution.

Outre son église paroissiale, reconstruite au siècle dernier et qui avait pour titulaires les saints apôtres Pierre et Paul, et reconnaissait les propriétaires de Keravéon pour seigneurs fondateurs, Erdeven possédait plusieurs chapelles, dont deux au bourg même. En dehors du bourg se trouvaient celles des Sept-Saints, de La Vraie-Croix ou de Langroës, de Saint-Sauveur, de Notre-Dame, au village de Loperhet, de Saint-Germain, au village de ce nom, et enfin celle du château de Kercadio.

A côté de son rectorat et de sa sacristie, érigée en bénéfice et figurant encore avec ce titre au pouillé de 1516, on trouvait sur cette paroisse les chapellenies suivantes :

Celle de Kerverho, fondée le 15 juillet 1641 par Grégoire Kerverho, curé d'Erdeven, desservie de deux messes par semaine, le vendredi et le samedi, au maître-autel de l'église paroissiale, et dotée d'une tenue située au village de Haulis, en Plouharnel, et de quelques autres parcelles de terre.

La chapellenie de Kerdavid eut pour fondateur, dans la première moitié du XVII^e siècle, Pierre Le Héno, recteur de cette paroisse. Les titulaires devaient en acquitter les charges au susdit maître-autel, et jouissaient des fonds de quatre tenues à domaine congéable, sises, deux au village de Kerdavid, et les deux autres aux villages de Kerousic et de Saint-Saint.

Une autre fut fondée par les époux Bertrand Le Clouerec et Brigitte Coriton, qui, en la chargeant d'une messe à célébrer chaque lundi à l'autel du Rosaire, dans la même église, la dotèrent d'une rente annuelle de trois perrées de froment et de trois livres en argent à prendre sur leur tenue au village de Sach, en la paroisse.

Enfin,  les Seigneurs de Keravéon avaient, successivement et à des dates inconnues, fondé six chapellenies, dont ils se réservèrent la présentation et qui devaient se desservir, dans l'église paroissiale, chacune d'une messe par semaine.

En 1763, Erdeven reçut un illustre paroissien, Jean-Louis Gouyon de Vauduran, né sur la paroisse de Saint-Gildas d'Auray le 2 juin 1703, abbé commendataire de Saint-Mathieu et de la Cour-Dieu, venait de résigner l'évêché de Saint-Pol-de-Léon et s'était retiré au château de Kercadio qui lui appartenait. Il y vécut encore de nombreuses années, pendant lesquelles il fit plusieurs ordinations dans la chapelle de son manoir. Décédé là, à l'âge de 77 ans, le 18 juin 1780, il fut inhumé le lendemain sous son banc dans l'église paroissiale. Au moins une dalle dut alors marquer le lieu précis de sa sépulture aujourd'hui parfaitement ignoré ! Comme souvenir de ce prélat, l'église d'Erdeven ne conserve et ne montre plus qu'un bénéditier en marbre provenant de la chapelle de Kercadio.

A la fin du XVI^e siècle, le territoire de cette paroisse se partageait entre les frairies de Kergruguec, Kerberennieu, de Kervach et de Kerévin. Un des villages portait le nom de Kerminihy.

Pendant la Révolution, le presbytère servit longtemps de caserne, destination qui le réduisit au plus pitoyable état, comme le constate une pièce du 29 janvier 1797; il n'y avait plus ni portes, ni fenêtres, ni planchers, ni cloisons.

Bulletin de la Société polymathique du Morbihan année 1879 p. 51 à 54